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Hasselblad H6D

le Hasselblad H6D va bousculer le monde photo et vidéo.

Hier matin, Hasselblad présentait au monde son dernier-né : le Hasselblad H6D-100C. Un appareil photographique haut de gamme entièrement revu qui aligne les specs ahurissantes : notamment celle de pouvoir filmer en 4K RAW à partir d’un capteur de 100MP. Beaucoup plus qu’une prouesse technique, le constructeur suédois pourrait bien ouvrir une nouvelle page dans le monde de la prise de vue d’images. Rien que ça.

Hasselblad c’est quoi ?

Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec ce nom mythique, Hasselblad est un constructeur suédois d’appareils photographiques légendaire. La qualité de ses boîtiers est telle que les premiers modèles créés en Suède sont encore en activité aujourd’hui. Spécialisé dans le moyen format, ce sont ces boîtiers qui ont notamment fait plusieurs allers-retours entre la Terre et la Lune lors des diverses missions Apollo et Gemini. Actuellement, la qualité offerte par le moyen format pellicule ou numérique en fait l’arme de référence de professionnels en quête d’un look bien particulier et offrant une belle définition. Avec pour preuve des références de la photographie contemporaine comme Karl Lagerfeld ou Annie Leibovitz.

Les appareils photos Hasselblad issus du système V, la gamme star de la marque, sont des systèmes modulaires (oui avec Ikea, la modularité ça semble être le dada des suédois #instantcliché #clichéjeudemots). Construits autour d’une chambre centrale contenant un miroir et un verre de visée (et c’est tout !), l’appareil offre la possibilité très intéressante de construire à l’envie son propre appareil. Ainsi vous pouvez évidemment changer l’objectif, l’obturateur étant compris à l’intérieur de cette pièce, mais aussi le bobinier/déclencheur, le prisme de visée, et surtout, la surface sensible. Car c’est là le plus intéressant, le fait de pouvoir changer le « dos » de ce boîtier de légende permet justement de le transformer à l’envie en appareil photo 120mm, 35mm, Polaroïd, et même numérique ! Oui, vous m’avez bien lu. Alors que des start-up s’échinent à faire revivre numériquement des vieux boîtiers Nikon ou Canon, Hasselblad offre cette solution depuis des années (avec notons le des résultats certes pas toujours très convaincants mais néanmoins satisfaisant.) Depuis Hasselblad a profité du passage au numérique pour construire des boîtiers moyen formats tout numériques, à la définition phénoménale qui constituent aujourd’hui le système H.

Hasselblad H6D : H5D vs 503CW

Hasselblad et moi c’est une grande histoire d’amour. Le 503CXi est l’appareil photo que je me suis offert pour mes 25 ans et il n’y a aucun retour en arrière possible. Il y a quasiment quelque chose de magique dans son maniement, dans son bruit, dans sa luminosité. Pour un amoureux des textures comme moi, pouvoir jongler entre les différentes pellicules et le numérique (avec différents capteurs), au sein d’un même boîtier, c’est quasiment le nirvana.

Mais depuis quelques années, Hasselblad tournait au ralenti voire était déjà enterré par beaucoup (y compris moi). Fort de son image de marque, les efforts dans le progrès numérique (le système V n’étant plus produit) étaient vraiment contenus, à tel point que le constructeur finit par se contenter d’apposer sa marque sur des versions luxueuses des SONY Nex-7 et RX100 (respectivement renommés pour l’occasion Lunar et Stellar). Je me souviens d’une situation aberrante au salon de la photo où sur le stand Hasselblad on me conseillait d’investir dans une RED plutôt que dans un boîtier numérique Blad ! Le constructeur Suédois ne semblait pas trop inquiet face à la croissance grandissante des DSLR, ni aux avancées de PhaseOne, Pentax, Leica dans le moyen format numérique. La sortie des 5Dr/5Ds de Canon, ainsi que le Sony A7R II, bombes de définitions sur capteur 24×36 finissait de dresser un noir tableau sur l’avenir d’Hasselblad ses capacités étant sur certains points sinon dépassées, quasiment égalées.

Et pourtant…

le H6D-100c : boîtier 100MP qui filme en 4K RAW…

Hasselblad pourrait bien ouvrir à elle toute seule un nouveau volet de la production d’images en sortant le H6D-100c. Car le capteur Moyen Format CMOS de 100MP (53,4 x 40,0mm), supérieur « évidemment » au capteur de la RED Weapon 8K, offre un bond en avant en terme de résolution comparé au H5D qui n’offrait « que » 60MP max. Il vient rejoindre PhaseOne dans la commercialisation de la photographie numérique au delà des 100MP. Canon a présenté un prototype de capteur de 120MP au CP+ 2015, mais celui-ci souffre encore de trop de limitations pour pouvoir être commercialisé.

Mais au delà de la photographie, le Hasselblad H6D-100c permet surtout d’enregistrer (enfin!) de la vidéo. Et si les efforts de la part de Leica et Pentax pour enregistrer de la vidéo en 4K sur boîtiers Moyen formats numériques étaient louables, le résultat souffrait d’un grand manque de dynamique dû à une compression rédhibitoire. Impensable de songer produire des vidéos d’aussi piètre qualité sur ces boîtiers quand la qualité photographique est quant à elle bien au dessus. Avec le H6D, Hasselblad s’offre le « non-compromis » puisque le boîtier offre un enregistrement vidéo 4K-UHD (3840×2160) RAW (3FR) 16bit, avec une dynamique annoncée de 15 stops à 30ips! Du jamais vu sur un boîtier photographique !

Le H6D supporte une sortie mini-HDMI non compressée en Full-HD, pour du monitoring ou un enregistrement externe. Autrement les rushes RAW issus du boîtiers peuvent être transcodés en Apple ProRes à l’aide du logiciel maison de Hasselblad Phocus 3.0, et le boîtier permet l’enregistrement H264 en Full-HD sans pour autant savoir la qualité effective de celui-ci.

Hasselblad H6D Video Slate

Beaucoup d’inconnues restent d’ailleurs encore en suspens. Notamment sur la durée maximale des clips enregistrés. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’elle soit immense, car même si tout l’électronique du boîtier à été repensée pour encaisser les taux de transferts et le processing monstrueux impliqués, la capacité et l’endurance des 2 cartes CFast 2.0 reste quand même « limitée ». De même, si on sait que l’appareil peut enregistrer 30 images par secondes, on ne sait en revanche pas s’il existe un mode 24 et 25p, ni même si Phocus 3 permet de transcoder dans d’autres formats que le Apple ProRes.

Si l’on passe sur les autres détails techniques qu’offre le boîtier, ce mouvement aussi inattendu qu’impressionnant de la part de Hasselblad ouvre un nouveau chapitre sur le marché Photo/vidéo. Et il ne s’agit pas vraiment de performances, puisque le H6D souffre encore de l’absence de stabilisation, d’un autofocus amélioré, de mode HDR ou timelapse que son concurrent Danois PhaseOne propose depuis un moment. Non il s’agit de ce que dit cette sortie sur notre matière d’envisager nos métiers de productions d’images. Alors que Canon (pour ne citer qu’elle) a choisit délibérément de séparer son secteur photo, de son secteur vidéo, Hasselblad a choisit d’assumer la convergence de ces deux corps de métiers sans compromis. À l’heure du trans-média, la segmentation généralisée entre photo et vidéo est pour moi un non-sens qui ne trouve de source logique que dans la volonté de vendre deux boîtiers au lieu d’un. Or de plus en plus de photographes passent le pas de la vidéo et inversement. Reconnaître ce statut de créateur d’images, qu’elles soient animées ou non, c’est analyser finement un mouvement inexorable opéré depuis maintenant des années.

Le prix du H6D est fixé à 28900€ HT, il n’en est donc évidemment en rien un produit grand public. Mais que des références professionnelles du marché adoubent cette convergence des pratiques photo et vidéo est un excellent indicateur pour la suite. Ces derniers temps, les boîtiers SONY ou Canon sont venus taquiner dangereusement le degré d’excellence du moyen format. Le Sony Alpha 7R II propose par exemple un enregistrement 4K interne à partir d’un capteur de 42 MP. Et quand on voit l’engouement suscité par le RAW abordable offert par Blackmagic, il y a fort à parier que la présentation du H6D marque le coup d’envoi d’une course au boîtier photo/vidéo RAW.

Que la fête commence.

Comments

  • reply
    david dalmasso
    8 avril 2016

    Content d’avoir découvert ce blog ! C’est bien écrit, limpide, sans effets de manche mais avec de l’info. Merci beaucoup.

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