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That's All Folks

Le Laboscope c’est fini !

Voilà. Vous vous êtes bien rempli la panse a coup de volailles et pommes sautées. De couleurs de rires et de bonne humeur. Alors maintenant que tout cela est passé, il ne me reste qu’à vous souhaiter une merveilleuse année 2016, remplie de succès, de bonheur et de bonne santé.

J’en profite aussi pour vous annoncer ce qui me trotte dans la tête depuis plusieurs semaines. Le Laboscope c’est fini. La vie d’un blog c’est loin d’être de tout repos. Depuis 4 ans, ce petit bout de net fait partie intégrante de ma vie. Je l’avais créé dans le coin du salon vide de 15m2 de mon ancien domicile picard, entre deux inondations et trois voyages. Cet espace, je l’avais créé à l’époque pour mes différents étudiants, afin de leur fournir un endroit condensant l’essentiel de la veille technologique audiovisuelle. À cela se combinait une envie de provoquer les rencontres. Petit à petit, c’est devenu un peu plus que ça. Un recueil de billets d’humeurs, une contre analyse du blabla marketing, une réflexion sur ma manière de produire des images, dans une époque où tout le monde peut l’être en un coup de téléphone ou d’appareil photo.

La fierté d’avoir pu réunir dans un même endroit des infos pour amateurs et pros est énorme. Faire exister son propos quand tout le monde crie dans le grand océan du web, je considère ça comme un exploit personnel. Bien sûr, je n’obtiendrais jamais l’audience des stars du web, mais pour être honnête ça n’a jamais vraiment été le but recherché. Toujours est-il que ce blog a tenu bon à toutes les tempêtes. Les pannes principalement ; de serveur, d’inspiration, de motivation, de temps. Malgré tout, l’audience n’a fait qu’augmenter doucement mais sûrement depuis la création du blog. Et vos récents messages teintés d’enthousiasme ont été pour moi très précieux.

Le travail à fournir pour arriver à cela demande cependant une énergie colossale. Scruter les nouvelles 24/7, faire des démarches (longues et fastidieuses) pour pouvoir tester ça ou ça, répondre aux messages, défendre son point de vue, se défendre de toucher des pots de vins dès que l’on aime quelque chose. Voilà aussi la face cachée de cette activité que l’on imagine si aisément de tout repos.

Blogueur n’a jamais été mon métier. D’une part parce qu’il en est tout simplement impossible d’en vivre. Et d’autre part parce que la monétisation de propos est contraire à l’objectivité voulue du blog. Le Laboscope, c’est mon temps libre. Celui que j’ai quand je ne filme ou n’étalonne pas. Celui que j’ai quand je ne photographie pas ou ne scénographie pas. Celui que j’ai après la préparation et la production de cours. Celui que j’ai quand je ne suis pas en voyage en France ou à l’étranger. Celui que j’ai quand j’ai fini d’éplucher la paperasse qui régit la vie d’un jeune gars de 26 ans aux multiples statuts professionnels. Celui que j’ai quand j’ai simplement fini de gérer les tracas quotidiens envoyés par sa Sainte Mère de Dieu l’Univers.

Alors oui, je suis un passionné. Alors oui cette vie, je l’ai choisie. Alors oui les cimetières sont peuplés de gens irremplaçables. Alors oui tout ce que vous voulez. J’en ai déjà entendu pas mal. En ressort ceci : le travail de blogueur est un travail méprisé. Leur poids dans la balance n’est pourtant plus à prouver. Ce sont eux qui ont porté la révolution des DSLR, ce sont eux qui concentrent les ressources et techniques des systèmes de captation contemporains, ce sont eux qui sont les nouveaux guides d’achats des usagers. Et pourtant, et pourtant… La résultante est toujours la même : un intérêt intimement lié, non à la pertinence des articles, mais au nombre de likes d’une page Facebook.

Débattre sur la liaison qui existe entre ce nombre et la potentielle qualité des articles pourrait être intéressant. Pourtant, il y a quelques pépites sur le net que je suis assidûment. La qualité, la pertinence (ou l’impertinence) de leurs propos est telle qu’elle devrait faire école. Quand je vois que ces personnes là ne jouissent que de quelques maigres centaines d’abonnés, en glanant un ou deux par ci par la après avoir timidement demande aux abonnés de partager l’adresse du blog… Quand je ne vois aucun commentaires sur leurs articles sinon des négatifs ou des trolls… Je suis admiratif devant cette obstination. Moi je n’ai plus ce courage là.

Financer des achats coûteux pour pouvoir écrire un article test sur une caméra au capteur aléatoire, je n’ai plus le courage (ni les fonds d’ailleurs). Relancer les constructeurs pour que l’on puisse discuter de leurs produits, je n’ai plus le courage. Arpenter les salons en ignorant les rictus à l’annonce du mot « blogueur », je n’ai plus le courage. Etre redevable d’heures de travail à des communicants qui ont fait « l’effort » de mettre une photo et un texte -que tu leur a fournis- dans un coin de leur site en échange d’un prétendu pass gratuit et de quelques retweets, je n’ai plus le courage. Se faire poser des lapins aux interviews sans mots d’excuses, je n’ai plus le courage. Supporter les mails incendiaires à propos de mes points de vue, je n’ai plus le courage. Je n’ai plus le courage non plus de répondre à ceux qui se demandent :

– si on peut filmer en 4K avec un GH4.

– où est l’endroit où mettre la carte SD dans la Blackmagic Production Caméra.

– si c’est normal que le son ne soit pas terrible sur un 650D.

– dans quel rayon de la FNAC trouve-t-on la RED.

– quand est ce qu’il y aura un article sur la FS7.

À cela se combine un mépris évident de ceux qui pensent que l’on est d’abord blogueur avant d’être professionnel de l’audiovisuel. Non je ne suis pas un petit nerd qui passe sa nuit sur World of Warcraft et qui bidouille un peu la vidéo pour s’assurer un revenu minimum. En réalité, je me bats pour trouver un peu de temps pour le blog, car le cinéma et l’audiovisuel sont des milieux passionnants et, à mon grand bonheur, chronophage. Le fait est que durant cette dernière année, j’ai pris beaucoup plus de plaisir à intervenir dans des tables rondes, des master-class, des ateliers, en tant que professionnel de l’image invité, qu’en tant que blogger audiovisuel invité. Exprimer un avis sur des petites choses – parfois sur mes petites choses – est beaucoup plus satisfaisant que de commenter des sorties technologiques trop fréquentes. Aujourd’hui c’est ce qui me manque. Plutôt que d’alimenter une sorte de grand catalogue des caméras existantes, j’avais envie de retrouver un espace intimement personnel, non soumis aux calendriers des constructeurs et plus en phase avec mon métier.

Bienvenue donc sur ce nouvel espace un peu plus moi. Et j’espère qu’elle vous plaira autant qu’elle me plaît moi.Vous pouvez continuer de me suivre sur TwitterInstagramLinkedIn.

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