[TEST] Panasonic FZ1000 le reportage 4K de long en large.
Cet article provient de mon ancien blog : Le Laboscope.
Les doigts de pieds en éventails, les plages de sables fins, le soleil qui tape, la crème solaire, ça sonne comme un petit refrain dans ma tête. Et comme je vous aime bien, je ne peux décemment pas vous laisser partir cet été sans un petit test de derrière les fagots. J’ai pu tester pendant un long moment le bridge professionnel 4K de Panasonic, le FZ1000, et voilà mes quelques impressions. Mais avant toute chose quelques précisions s’imposent. Depuis l’explosion de la vidéo DSLR, les outils pour filmer ont su prendre plusieurs formes. Du règne DSLR à celui de la caméra RAW, puis de l’hybride 4K, le marché des Bridges n’a jamais semblé réellement intéresser les constructeurs. Les bridges sont à mi-chemin entre les réflexs et les compacts. Dotés d’une optique inamovible, ils possèdent cependant de nombreux réglages qui permettent de travailler son image. En soi pour la vidéo, ils seraient parfait pour ceux qui recherchent l’ergonomie des DSLR mais qui ne voient dans les optiques qu’une contrainte onéreuse et peu polyvalente. SONY a présenté l’année dernière le RX10, un magnifique bridge avec un bon côté vidéo qui a su faire ses preuves, mais qui -selon moi- n’a pas eu le succès qu’il méritait. J’ai été réellement impressionné par le RX10 et trouve encore aujourd’hui qu’il s’agit d’un outil redoutable pour des JRI. Jusqu’à maintenant le RX10 avait le monopole du bridge vidéo, mais Panasonic vient de présenter le FZ1000 qui vient directement le concurrencer. Autant donc vous l’avouer, j’étais très curieux de poser mes pattes sur ce joujou, pour voir s’il arriverait à me faire oublier le RX10.
D’un point de vue général le FZ1000 reprend une ergonomie similaire à la famille des GH. On y retrouve les mêmes molettes, globalement les même boutons. Pas de quoi être désorienté. La taille même du boîtier, malgré l’imposante optique se rapproche grandement des GH3 et GH4. Dans le détail on perd une molette sous l’index droit pour y trouver la commande de zoom, et quelques boutons de réglages sur la face arrière, mais le reste permet toujours d’atteindre rapidement l’ensemble des réglages de la bête en un temps record. Les matériaux de construction du boîtier font aussi nettement plus plastiques que les GH4 (mais toujours mieux que le RX10). Mais l’appareil garde une bonne tenue en main, ce qui est selon moi un critère plus que déterminant. L’appareil est bien équilibré. Mon principal regret reste le positionnement de l’emplacement pour Carte SD qui se trouve avec la batterie sur le cul de l’appareil. Ce qui ne facilite pas l’accès lorsque l’on travaille sur pied. Et concernant la batterie il ne s’agit pas de la même batterie que celle du GH3 et du GH4. Le FZ1000 possède sa propre batterie qui a l’intérêt de proposer une bonne autonomie (supérieure au RX10). Ce qui est appréciable pour ce type d’appareil à emmener en configuration légère. Le viseur optique du FZ1000 est semblable à celui du GH4, d’une très appréciable réactivité et clarté. Et le boîtier dispose toujours d’un écran orientable (non tactile cependant).
L’optique possède une seule bague de commande. Qui va permettre de piloter soit le zoom, soit le focus. Dommage qu’il n’y ait pas de bague de diaphragme à la manière du RX10. Pour ma part j’ai opté pour la commande de mise au point, le zoom possédant sa commande déportée sous l’index droit. Cette dernière demande un temps réel d’adaptation pour réaliser des zooms fluides avec brio, mais reste tout de même beaucoup plus cohérent que d’effectuer des multiples tours de mains autour de son objectif pour passer de 25 mm à 400 mm. Et la mise au point manuelle permet de corriger à l’aide du peaking, un autofocus foiré (ça reste rare), ou de réaliser de merveilleux reports de points en plans macro.
Rentrons maintenant dans le vif du sujet. Le FZ1000 fait partie de ces bridges à grand capteurs, dotés d’une plage de focale étendue et à grande ouverture. Il embarque un capteur 1 pouce de 20 MegaPixels (!!) dont la sensibilité varie entre 80 et 25600 ISO. On peut s’étonner de la pertinence de ce nombre conséquent de pixels quand le GH4, fleuron de la marque Pana n’en possède que 16 MegaPixels. En revanche le capteur 1 pouce est, je trouve un très bon compromis entre les grands capteurs des réflexs et hybrides, et les tout petits capteurs de certaines caméras. Ce compromis est pour moi cohérent avec ce que je perçois de la cible du boîtier ; un public de reporters dont la profondeur de champ n’est pas une priorité absolue, mais bel et bien un besoin de polyvalence et réactivité. Or le capteur 1 pouce permet une sensibilité raisonnable qui est d’ailleurs plutôt bien maîtrisée, et est allié à une optique qui lui permet de couvrir une ahurissante plage focale, permettant d’aller piocher au plus loin.
Car tout l’intérêt du FZ1000 réside dans cette optique. D’une part parce que c’est un bridge et qu’elle se doit d’être qualitative pour assumer son rôle d’outil professionnel face aux inconditionnels des objectifs interchangeables. D’autre part parce qu’il est difficile de faire oublier le ZEISS 24-200 f/2.8 qui équipe le RX10. Pour se faire Panasonic a fait appel à Leica qui lui a conçu une optique Vario-Elmarit 25-400mm (équivalence 35mm) dont l’ouverture varie entre f/2,8 et f/4. La plage de focale est ahurissante (un Zoom x16 deux fois plus grande que celui du RX10), mais se solde par l’abandon de l’ouverture constante. Pas de quoi non plus s’en faire une montagne, un F/4 à 400mm ça reste plus qu’honorable. En pratique cependant, l’iris se ferme vite. A 50mm, on en est déjà à f/3,3. Et la qualité optique en terme photographique demeure un peu décevante face au RX10. Les images sont un peu plus contrastées et perdent en dynamique. Particulièrement en haute luminosité, où les images sont vites « cramées » si l’on n’y fait pas attention. En revanche pour les amoureux du détail, le FZ1000 risque de gagner vite des points. Il semble que Panasonic ait privilégié cette sensation de piqué. Le traitement du boîtier laisse apparaitre quelques aberrations chromatiques disgracieuses mais ça reste rare. En terme d’homogénéité, particulièrement sur le grand angle, l’image est légèrement plus molle sur les bords et présente un chouilla de distorsion.
Si en terme de performances pures j’étais un peu déçu de la qualité optique du FZ1000, sur le terrain ma vision a radicalement changée. Non seulement la plage de focale est immense (même si en mode vidéo, il y a à noter un crop de 1,3 en 4K) mais elle fait des merveilles avec très peu de perte de qualité aux extrêmes. C’est désormais facile d’aller piocher des plans vraiment très loin avec une qualité remarquable. Et si on peut aller viser loin, qu’en est-il de près? Le Mode macro du FZ1000 permet vraiment de produire des images extraordinaires, et le fait qu’il produise des images ultra-définies rajoute vraiment à la magie du boitier. Nos amis les insectes n’ont plus qu’à bien se tenir. D’autant plus que le 4K donne un aspect naturaliste aux images qui n’est personnellement pas pour me déplaire. En revanche, la présence de bruit dans des images même à faible valeur ISO me dérange un peu. Ca reste doux mais ce n’est pas tout à fait de mon goût.
Le petit hic reste tout de même son ouverture minimale à F/11*. C’est grand. Trop grand. Et dans ces moments estivaux…c’est même gênant. Si le FZ1000 s’en sort bien dans les valeurs extrêmes d’ouverture, il faudra quand même songer à investir dans un filtre. Et c’est là où le RX10 règne en maître ; la possession de filtres ND intégrés. J’aurais tellement apprécié que Panasonic suive le pas et lance la machine. D’autant plus qu’il en aurait justement bien besoin.
Si cette ultra-définition et ce contraste vous rebutent un peu, préférant des images plus douces, sachez que le FZ1000 embarque les mêmes profils que le GH4. C’est à dire tout d’abord les deux fameux profils Cinélike D et V. Mais aussi les courbes de gamma! Des possibilités quasi infinies pour travailler votre image, et, au besoin de simuler un log. Le FZ1000 n’est pas une usine à image ciné. En sont témoins les deux types de fichiers vidéos qu’il délivre : AVCHD et MP4. Et même si le 4K (UHD 3840×2160) n’est disponible qu’en mode MP4 et à 100Mbits, en étalonnage on en atteint vite les limites. Mais ces courbes vont permettre de récupérer un poil de latitude au besoin, et c’est appréciable sur les visages particulièrement.
LE FZ1000 est en réalité un bon boîtier de reportage. Il va délivrer des images précises quasi-naturellement. On est totalement dans la philosophie du « Prends, Tourne, Monte, Montre ». Un workflow simplifié, le tout en 4K, pour l’efficacité et non pour un travail de longue durée. Le 4K rajoute un peu à cette dimension là puisqu’elle va vous permettre dans certains de stabiliser vos plans ou de les recadrer à l’envie si vous comptez projeter votre film dans une résolution inférieure. Mais concernant la stabilisation, le boîtier possède une stabilisation 5 axes, activable et désactivable à souhait directement à l’aide d’un interrupteur situé sur l’objectif. En photo, elle est plutôt efficace. En vidéo, la stabilisation est réduite à 3 axes. Combiné au capteur 1 pouce, il ne faut évidemment pas s’attendre à des miracles à des focales comme 400mm. La compensation optique y est nettement perceptible sur la vidéo. A des valeurs plus raisonnables, la stabilisation reste efficace et permet de conserver quoiqu’il arrive un bon piqué. En revanche l’effet de rolling shutter du FZ1000 reste sans surprise assez prononcé.
LE FZ1000 dispose de la technologie Autofocus DFD (Depth From Defocus) inaugurée avec le GH4. Et conséquemment, il est très réactif. Un véritable bonheur. Même en basses lumières où les performances sont nettement inférieures, le FZ1000 s’en sort plutôt bien. L’autofocus suivi fait son travail à la perfection. Rajoutant toujours plus de cohérence à ce boîtier polyvalent. De ce fait le mode rafale permet la capture de 12 images par secondes… rien que ça.
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Une petite surprise vient dans l’apparition du mode ralenti qui va vous permettre d’enregistrer une vidéo à 100 images par secondes pour en délivrer un fichier Full-HD à 25ips; soit un ralenti x4. S’il n’existe pas de contrôles plus poussés de cette fonction, et le rendu demeurant assez médiocre, l’utilisation n’en reste pas moins ludique. Ci-dessus la compression Youtube a lissé pas mal mal de défauts (et fait apparaitre d’autres) mais on voit que sur les détails très fins comme les inscriptions sur le panneau ou sur le bas de toile du café à gauche que l’image est sensible à l’aliasing.
Maintenant que l’on a pas mal évoqué l’image, parlons un peu du son. Le micro stéréo interne du FZ1000 fait un travail assez remarquable pour un micro de ce type. J’ai été surpris par la clarté et l’amplitude du son délivré. La spatialisation des sources est plutôt bien gérée évitant ainsi l’effet de noyade en cas d’ambiances chargées. Bien évidemment niveau directivité rien ne vaudra la mise en place d’un micro externe, à relier directement à la prise jack prévue à cet effet sur le côté du boîtier. Pourquoi cette surprise par rapport à la qualité sonore? Tout simplement – et on vient toucher là l’aberration monstrueuse de ce boîtier – parce que le monitoring audio pendant la prise est tout bonnement impossible : il n’y a pas de prise casque. Pour un boîtier qui, toujours selon moi, se destine à du reportage, c’est plutôt gênant. La présence de vu-mètres n’y changera rien; sans retour, c’est plutôt périlleux. Je ne sais pas comment ça a pu passer à travers l’attention des ingénieurs de Panasonic, mais c’est clairement LA bourde de ce boîtier.
Conclusion
Non dépourvu de défauts, j’étais plutôt sceptique par rapport au FZ1000. C’est surtout sa polyvalence qui a fini par me séduire. En terme de boîtier prêt à tourner, le FZ1000 est redoutable. Ce qui en fait un outil parfait pour les reporters. Compact, mais puissant, adaptable à la plupart des situations, facilement maniable, d’une bonne autonomie. Le résultat optique n’est peut-être pas aussi travaillé que l’avait été l’objectif Zeiss du RX10, mais le piqué des images est constamment au rendez-vous et sait faire honneur au 4K. Je suis un peu moins fan de la texture que je trouve un peu trop bruitée à mon goût par rapport à ce type d’images, ainsi que du rolling shutter et de la compensation de stabilisation un peu trop prononcés. Et il faudra songer à acheter en supplément un filtre Neutre de Densité variable à coller en permanence sur l’objectif pour compenser le f/11* maximal un peu juste. Je n’évoquerais pas (plus) l’absence de prise casque.
Pour ceux qui cherchent une solution prête à tourner. Les défauts du FZ1000 sont de moindre maux tant le boîtier regorge de fonctionnalités et délivre une image très honorable en bout de course. Et surtout il est d’ores et déjà moins onéreux que son principal concurrent le RX10, puisque le FZ1000 est lancé à 899€. Moins élitiste, le FZ1000 est une sérieuse solution tout-en-un, polyvalente, réactive, qui doit être sérieusement considérée par tous les reporters.
*La fiche technique du FZ1000 parle d’une ouverture à f/8. Mais je confirme avoir pu aller jusqu’à f/11 dans tous les cas.