Des nouvelles de la Digital Bolex : tests objectifs et monture PL.
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’équipe en charge du développement de la Caméra Digital Bolex n’entretient pas le culte du secret. À coup de notes de blogs régulières, c’est petit à petit qu’on en découvre un peu plus pour celle qui s’est placée un temps comme l’alternative à la Blackmagic Cinema Camera. Force est de constater que cette méthode, à contre-courant des techniques marketing de sociétés plus sur le devant de la scène (ami lecteur ceci est effectivement un sous-entendu), fait ses preuves. L’intérêt des vidéastes pour cette petite caméra ne faiblit pas.
Et pourtant, le coup porté aurait pu être rude. En terme de rapport performances/marché, l’appareil s’est placé en face d’une Blackmagic Cinema Camera (2,5K RAW – 3K$). Profitant des déboires de sa grande soeur, la Bolex a connu un certain succès. Pourtant les premiers modèles devraient être livrés cet été à ceux qui, très tôt, ont fait le pari de miser sur cette résurrection de la mythique Bolex S16 au format numérique. Pour la suite de la liste, on devra patienter jusqu’à Noël. Quant à ceux qui voudraient rejoindre l’aventure Bolex dès maintenant, les délais risquent d’être très longs et de ne pas voir le jour d’ici début 2014. Autant dire que face à un NAB dompté par la 4K, la Bolex Digitale a perdu de son prestige. Pour une poignée d’euros de plus, le 4K RAW est à portée de main, plus rapidement, plus performant. Pourquoi donc miser sur cette caméra dont les tests performances sont si rares, et si subjectifs, que l’on peut raisonnablement douter de sa viabilité?
Une raison. Une seule. Maîtrisée depuis le début. Ressusciter le Super16, en numérique, avec une caméra originale, hors du commun, presque luxueuse.
Et par les dernières nouvelles, je dois dire que je suis agréablement surpris. Si le format Super16 a été récupérée aussi par Blackmagic et sa Pocket Camera, les premières images tournées avec (à voir ici), n’ont pas grand chose à voir avec l’esthétique des films tournés au format analogue similaire de l’époque. Bien entendu, on pourra objecter qu’il existe toujours un parti pris esthétique et que numériquement on peut toujours retrouver le même rendu. Il n’empêche, il n’empêche (bis repetita….ça marque l’emphase), que les premières images de la Bolex, équipée de ses objectifs Kish, m’ont ramené quelques années en arrière. Au niveau des textures lumineuses, des densités de profondeurs de champs, elles reconstruisent avec justesse ce que pouvaient être des pellicules Super 16. Jusque dans le gestion des flares.
Ci-dessous, quelques images issues directement des essais de l’équipe de développement. 10mm, 18mm et 38mm. Le cadre blanc délimite le crop du Super 16.
Si le système d’objectifs de la Bolex demeure un peu curieux. (Des objectifs C, à focale fixe, sans mise au point). Je trouve le look accompli très intéressant, malgré des défauts optiques évidents (les distorsions du 10mm par exemple). Au risque de me répéter, j’y vois là une véritable reprise de l’esthétique Super16. L’essentiel de la galerie est à retrouver ici.
En revanche pour ceux qui souhaiteraient utiliser de bonnes vieilles optiques PL. Bolex avait annoncé son partenariat avec HotRod pour la conception d’une monture adaptative PL. Elle se dévoile un peu plus maintenant. On sait désormais que l’on pourra opter pour le grip « Pistolet » avec cette monture en enlevant la semelle principale. Cependant, la monture se trouvera alors sans support physique et risquera de se briser en cas de mise en place d’objectifs lourds. Ce qui entre nous, serait incohérent ; manier une caméra en mode pistolet avec des objectifs de 36 tonnes ne donnant jamais rien de bon. On sait par exemple qu’une optique C.P.2 de Zeiss ne pose pas de problèmes.
L’ensemble de l’article est à retrouver ici.
Nous avions précédemment une discussion sur Facebook sur l’obsolescence avant sortie de la Digital Bolex. Dépassée par le tout 4K, en terme de marché, elle ne présente plus vraiment de sérieux atouts. Le vide pointé du doigt par Blackmagic l’année dernière pour des caméras RAW à faible prix, ne cesse de se remplir. Les résolutions s’uniformisent. Le 4K est désormais disponible pour un prix similaire à une Bolex et ses objectifs. Il est évident maintenant que cette dernière ne se place pas dans une lignée de production broadcast, mais bien à un public sélectif de vidéastes indépendants. Petit luxe dans le marché des caméras, c’est une caméra originale, presque objet de collection, aux looks (rendu boîtier et rendu vidéo) très travaillés pour tenter de recréer, non pas l’image la plus précise ou malléable qui soit, mais bel et bien la plus proche d’une esthétique Super 16.
Projet fou de passionnés, cette quête nostalgique d’un look qui procure encore aujourd’hui les plus fortes des émotions, prend à contrepied tous les défenseurs de la course à la performance. S’exclure de cette compétition est la chose la plus censée qui puisse arriver à cette caméra, promise à une diffusion restreinte, mais pleine de promesses filmiques.
tilou
Salut,
Je trouve ton article très intélligent. Je crois qu’il répond parfaitement à mes interrogations. Je trouve ton avis juste. Je reste intrigué par l’accessoirisation hot rod (ou de la part d’autre marque), et les optiques kish.
Je ne comprends pas comment l’argent va rentrer dans les caisses des compagnies qui ont investi dans ces accessoires.
Je me demande si d’autres étudiants comme moi sont intéressés par cette caméra.
Ou si je devrais me tourner vers la prochaine black magic.. car la digital bolex serait à moitié morte née, avec un temps d’attente hyper long, une livraison uniquement aux usa pour le moment…
tilou
ps : le coup du flare dans les kishes je trouve ca un peu cheap,
pour le coup c’est vraiment instagram party
S.B.
Du coup l’article fait suite à la discussion que nous avons déjà eu sur Facebook juste avant le NAB.
Concernant la Blackmagic. En terme de rapport performances prix il va de soi que la version 4K enterre la Bolex. Mais elle s’adresse aussi à de bons techniciens. Il ne faut pas s’attendre à des résultats phénoménaux avec des personnes qui ne savent pas traiter des fichiers RAW. La texture d’image est un peu plus « conventionnelle ». Elle ressemble à ce qu’on peut trouver chez ARRI.
La Bolex en revanche fait le pari de recréer à la perfection une esthétique un peu oubliée qu’est le Super 16. D’où la gestion des flares qui peut faire penser à Instagram. Mais surtout parce que le Super 16 en soi c’est vintage. Mais pour le coup les lumières un peu vaporeuses, la texture sur les peaux et les arêtes, les flares et la gestion de la profondeur de champ sont recréées à la perfection avec des objectifs Kish. Pour moi la version PL ne fait pas vraiment de sens… Tant l’intérêt que je trouve dans la caméra est sa force a restituer ce look particulier qu’est le Super 16. Or c’est en grande partie du aux objectifs Kish.
HotRod n’a pas franchement grand chose à gagner en équipant la caméra. Mais elle n’a pas grand chose à perdre non plus. La tarification de ces accessoires (pour la Bolex ou autres d’ailleurs) est tellement excessive que la marge faite dessus limite les risques de mise en marché. Tout en conservant une exclusivité sur une caméra qui pourrait créer le buzz.
Gabriel
« Ressusciter le Super16, en numérique, avec une caméra originale, hors du commun, presque luxueuse »…
Deux gaillards très malins et fins bricoleurs originaires de Boston sont peut être sur le point de réaliser ce rêve, qui n’est à cette heure qu’un prototype non commercialisé mais terriblement intéressant : http://blackbettycameras.com/first-camera/