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Certes le NAB est l’occasion de parler de nombreuses caméras, mais à l’occasion de cette édition 2016, c’est presque vers les logiciels de montage et de post-production que les évolutions sont les plus intéressantes. Pourtant, il n’y a pas ni réinvention drastique, ni technologie inédite sur les stands de démonstration. Pourtant ce qui se dégage au travers de plusieurs exemples est l’inclinaison à transformer les logiciels de post-production en plateformes toute-en-un.

Capture d’écran 2013-04-13 à 16.08.56 Le NAB vient de fermer ses portes. Cette grande messe des constructeurs d'équipements audiovisuels reste l'évènement où tout le monde cherche à tirer son épingle du jeu en proposant le produit le plus innovant. Il y a comme chaque année de très bonnes surprises, et aussi des grands ratés, des compagnies prises de court en dévoilant un produit déjà rendu obsolète par des modèles concurrents. Difficile de suivre en temps réel toutes les sorties, du 36° follow focus, à la 75° cage pour C300. Tout relayer n'est pas forcément très utile. Encore à ce jour je suis en train de faire le tri dans toutes ces sorties pour vous proposer que ce qui à mon sens paraît intéressant. C'est un long travail, par conséquent sur le Laboscope, le NAB continue encore un peu d'exister. Mais l'essentiel est passé et a été relayé dans ces pages. Mais d'ores et déjà que peut-on retenir? Tout d'abord, le NAB est passé au 4K. C'était une évidence, la 3D est grandement en difficulté aux Etats-Unis (et donc en France), et si on a tenté de lui adjoindre une nouvelle technologie "révolutionnaire" - j'ai nommé le 48 FPS - cela n'a pas servi à sauver cette technologie périodique qui n'a pas su proposer une véritable nouvelle expérience cinématographique. Voire l'a amoindrie selon certains. Logique donc de se rabattre sur les vieilles recettes : la résolution. On vous offre une image d'une qualité toujours plus folle, plus grande, plus Wahouh! Le 4K est dans les tuyaux depuis un moment, mais il a fallu attendre le NAB pour qu'elle explose. De ce côté là SONY a sû taper fort. Si la société était en peine avec sa branche téléviseurs, dégageant de moins en moins de bénéfices, elle devrait sortir rapidement de cette traversée du désert puisque contrairement à ses concurrents qui proposent des téléviseurs UHD à plusieurs dizaines de milliers d'euros. SONY a su proposer plusieurs modèles allant jusqu'à 7000$ soit presque 3 fois moins que la plupart de ses concurrents. Si bien évidemment, l'acquisition de ces téléviseurs ne sera pas à la portée du premier venu c'est déjà un grand pas. Mais pour profiter d'un écran de cette qualité encore faut-il avoir du contenu à y projeter. SONY, qui bien entendu possède les moyens d'arriver à ses fins, a entamé une réflexion intelligente. Plutôt que d'envisager la production de ses équipements indépendamment les uns des autres, elle a su proposer cette année une véritable chaîne de production 4K. Après la sortie des caméras 4K F5 et F55, d'un nouveau codec destiné à une standardisation le XAVC, SONY a su répondre aux exigences des indépendants en dévoilant à son tour un prototype de réflex haut de gamme et de Camera compacte, à la manière du 1DC et de la Blackmacgic Cinema Camera. Enfin, la sortie d'un adaptateur permet d'enregistrer en 4K à partir de la FS700. Désormais chez SONY, il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses. S'adjoint la sortie des moniteurs professionnels 4K qui viendront vous permettre de travailler aux petits oignons votre montage fait dans Vegas (...), et la sortie d'un codec grand public de diffusion le XAVC-S. Concernant cette diffusion justement, si nous parlions des télés, sachez que SONY a dévoilé aussi un HUB optimisé 4K et travaille d'arrache pied sur la production de support type Blu-Ray 4K. D'ici là, bons nombre de contenus sont en train d'être optimisés en 4K par SONY pour les proposer en dématérialisé via son nouveau HUB. On a donc ici une approche très fine et très maligne de cette société qui fut en retrait pendant ces dernières années sur un marché de plus en plus technivore. Si le calendrier des sorties semble bien avancé, il faut que SONY persévère dans cette voie pour retrouver une place conséquente sur le marché moyen budget audiovisuel. Du côté Camera aussi tout le monde s'est plus ou moins mis à la page de la UHD. On a pu aller observer de plus près des caméras déjà présentées plus tôt dans l'année comme la Digital Bolex ou la KineRaw Mini. Deux cameras filmant en plus ou moins 2K RAW pour moins de 3000$, se plaçant avec leur principale concurrente présentée l'année dernière : la Blackmagic Cinema Camera. Mais c'était sans compter la petite surprise que nous réservait la société productrice de cette dernière. Même si les problèmes successifs ont accablé Blackmagic, et les retards de livraisons étaient conséquents, la compagnie a encore une fois réussi à créer le buzz en dévoilant la mise à jour 4K de sa caméra pour un prix à peine plus élevé, et une caméra ultra compacte à monture MFT permettant de filmer en RAW Full HD pour moins de 1000€. Dès lors, la Digitale Bolex et la KineRaw Mini font plutôt pâle figure à côté. Les précommandes des Blackmagic sont déjà lancées et bien remplies. Côté slow motion, l'apparition de la nouvelle Phantom filmant en 4K à 1000fps est venu directement contrer la FT One de ForA, présentée un jour plus tôt et permettant de filmer à 900fps. L'histoire retiendra sûrement des deux la Phantom qui bénéficiera de performances supérieures et d'une renommée déjà établies. Du côté des principaux acteurs du cinéma numérique, pas de grandes nouveautés. ARRI a présenté il y a quelques semaines les versions XT de ses caméras permettant l'enregistrement de RAW en natif. AATON présentait avec Abel Ciné la Penelope Delta dont les caractéristiques sont bien haut dessus de toute autre caméra du marché. RED qui pourtant s'était amusé à faire un peu de teasing avant le NAB n'a présenté que des mises à jour hardware de ses caméras (une nouvelle monture, un module proxy, des ventilateurs...) et a surtout axé ses présentations sur les fortes potentialités du capteur Dragon. De ce côté là, rien de bien transcendant non plus, Red gardant quand même une longueur d'avance sur ses concurrents sur la qualité de son matériel proposé. Mais attention, la longueur se réduit petit à petit, et si les autres caméras émergentes souffrent de quelques défauts, ceux-ci pourraient rapidement être comblés. En témoignent le (mauvais) procès que lance RED à SONY sur l'utilisation d'un codec RAW compressé; qui traduit largement cette insécurité. Petite parenthèse Canon. Pas de nouveautés, pas de nouvelle caméras, pas de nouveaux réflex, à peine une optique et des mises à jours firmware annoncées quelques jours auparavant. La firme rouge est restée très silencieuse cette année. Alors qu'on attendait au minimum l'apparition d'un 7DMarkII, rien. Ce fut la grande muette du salon. Il faut dire que Canon a eu une année active en terme de sorties. Du 1DC à la C100, avec une belle gamme d'optiques qui s'est bien étoffée. Difficile de demander toujours plus. Sur le salon, Canon s'est surtout voulu didactique sur les potentialités de ses technologies 4K. Tout en gardant un oeil sur ses adversaires bien évidemment. Car les critiques se multiplient envers les produits que hier encore on se plaisait à qualifier de révolutionnaire. Si les boîtiers réflex de Canon restent toujours incontestablement les meilleurs lorsque l'on recherche une utilisation hybride photo et vidéo, côté vidéo pure, on commence à voir les limites. Pas de sorties HDMI clean (à peine permise sous pression lors du MAJ firmware pour le 5DMkIII), un codec unique lourd à traiter, quelques défauts d'aliasing et de moiré, pas de fonctions avancées en vidéos (peaking). De ce côté là, difficle de débourser plus de 3000€ quand on sait qu'un petit GH3 fait mieux pour 3 fois moins cher. Et que désormais pour quelques centaines d'euros, la Blackmagic, malgré son capteur ridicule (crop factor x3!) vous offre une malléabilité sans précédent? Et quid de la gamme EOS Cinema des C100, C300, C500, sur laquelle vient largement empiéter les caméras Blackmagic? Filmer en 4K avec le C500 coûte vraiment beaucoup plus cher qu'une Blackmagic Production Cinema. (C500 = 24 000 €, 1D-C = 10 000€, Blacmagic Production Cinema = 3300 €). De ce côté là, Blackmagic remporte facilement la bataille. Cependant, les caméras EOS C (à l'exception du 1D-C) proposent encore des fonctionnalités que la Blackmagic n'a pas. Neutre de densités, réglages précis de gamma, sorties son, écrans orientables, grip, autonomie par batteries externes. Mais est-ce réellement important quand on sait que bons nombres de solutions pour pallier à ces problèmes à moindre coût émergent ça et là? J'ai une petite pointe au coeur, car j'ai une affection particulière pour les Canon EOS C, mais il semblerait qu'en terme de marché, elles soient très mal positionnées. Un exemple en est que aujourd'hui pour le prix d'une C300, vous pouvez avoir tous les bénéfices d'un système RED Scarlett complet. Il serait donc dommage que Canon se repose sur ses lauriers car si la firme était venue donner un coup de pied dans la fourmilière en son temps avec le 5D Mark II, ce temps là semble déjà très très loin. Et pour s'installer en tant que leader d'un marché, il faut s'installer dans la durée. Or du haut de sa tour d'ivoire, la firme semble compter ses cibles comme acquises, ce qui est loin d'être le cas. Les vidéastes indépendants vont rechercher des solutions de qualités à moindre coût, les tournages professionnels à gros budgets vont se tourner vers les solutions offertes par ARRI, Red, et SONY. Heureusement, le secteur des objectifs EF ne semble pas être touché par la crise puisque les constructeurs s'adaptent au standard EF, ce qui laisse encore présager de beaux jours pour les optiques Canon. Malgré leur tirage optique curieux qui rend les montures difficilement compatibles avec les autres objectifs du marché. Tant qu'on en est à parler d'objectifs. Cette année comme d'habitude plusieurs annonces ont fusées de part en part. Deux modes : l'optimisation 4K, et les objectifs anamorphiques. Ces dernières semblent avoir été remises au goût du jour. Un exemple frappant en est l'association de Cooke et Angénieux pour une série de focales fixes et la sortie d'un super zoom tous anamorphiques. Les professionnels lassés de passer leur temps sur le Bon Coin pour dénicher un adaptateur anamorphique aussi peu pratique que peu fiable peuvent désormais souffler, des optiques haut de gamme, aux traitements poussés arrivent. Effet de mode ou révolution en cours? Rien ne semble indiquer clairement quelle sera la direction majoritairement adoptée par les cinéastes concernant l'aspect de leurs images. D'un autre côté, on a vu apparaître de nouveaux types d'optiques couvrant le Full Frame et optimisées pour un traitement 4K. Deux bons points qui ne sont finalement que des évolutions logiques des choses. Canon et Zeiss s'y était déjà attelés depuis un moment, ils sont rejoint par une tripotée d'acteurs comme Schneider-Kreuznach, ou Zunow. Du côté des équipements tiers, les nouveautés AJA, Atomos et Convergent Design, diversifient le panel de choix en terme de recorder. 4K ou non, moniteur OLED ou non, il y en a pour tous les goûts et pour tous les prix. Ma préférence tend pour le moment pour les produits de Convergent Design qui offrent la solution qui est à mon avis la plus complète de toutes, mais qui dispose d'un système curieux de location de licence de codec. Du côté des EVF, pas de grande innovation. On a surtout vu apparaître des écrans de meilleure définition et des connectiques améliorées, ce qui était de toutes manières l'évolution logiques des choses. De toute manière, tout comme il en est pour les follow focus, le principe restant quand même assez simple, il est difficile de révolutionner le secteur. Si certains ont présenté des système de follow focus à distance (ce qui existait déjà auparavant), ces derniers se sont révélés plutôt incommodants en terme de temps de réponse. Concernant les Rigs, les constructeurs de nouvelles cages pour la Blackmagic peuvent souffler, la nouvelle Production Camera semble épouser le même design. Autrement l'offre s'est trouvée de plus en plus diversifiée. Il en fallu pour tous les modèles de caméras. Y compris pour les GoPro dont l'équipement habituel se suffit à lui même je trouve. Fixations magnétiques, à vide d'air. On a vu de tout. Edelkrone de son côté a présenté un module complémentaire à son slider+ permettant de faire panoter automatiquement la tête fluide du slider pour garder le sujet toujours directement dans le cadre. Mais ce qui a fait sensation cette année, c'est surtout le MoVI annoncé par Vincent Laforet en personne : un système de stabilisation gyroscopique ultra léger et ultra compact, pour un prix bien en dessous des stabilisateurs actuels de cette qualité. Les incroyables possibilités de maniement de l'engin changeant radicalement les manières de filmer, il y a fort à parier que l'on verra très bientôt émerger ce nouvel équipement dans toute bonne boîte de prod qui se respecte. Enfin côté logiciels. Avid a présenté la version 7 de Media Composer, qui sans révolutionner (non non jamais) l'expérience du logiciel propose enfin des rendus en tâche de fond. Adobe a présenté les nouvelles versions de Première, After Effects, Prelude, Speedgrade. Des fonctions toujours plus travaillées, des interactions entre logiciels toujours plus performantes (preuve en est l'intégration des formats C4D dans AE), la Production suite a désormais tout pour séduire les professionnels à la recherche d'une alternative à Final Cut Pro 7 et Avid. Blackmagic a présenté la version 10 de son logiciel d'étalonnage DaVinci Resolve qui propose des fonctions de base de montage multi-pistes; avec l'ajout de fonctions audios, d'effets prédéfinis, d'outils de titrages, ainsi qu'un module d'export DCP qui, s'il est performant, est une véritable avancée. Enfin Lightworks, ce petit soft de montage gratuit devenu grand se paye une version Mac et moi je cours tester tout ça.